43 - Paris-Dakar

Publié le par Kinou


Le paris dakar démarre ce week end, alors dans la série "faits de société", petit jeu du "je suis pour VS je suis contre" ! je ne donnerai pas mon avis, quoique... Juste : chacun sa manière d'aborder l'Afrique et les africains, tout le monde peut pas s'appeler Daniel Balavoine, on peut s'extasier devant les exploits sportifs des uns, et la démarche humanitaire d'autres. On n'est pas obligé de tout mélanger. Toutes proportions gardées, c'est comme disait l'autre : " à la guerre, on décore ceux qui reviennent, mais ceux qui étaient courageux, c'est ceux qui y sont restés... ". J'ai cru comprendre que Ptitamour avait un lien, au moins professionnel, avec cette "manifestation", j'espère ne pas m'attirer ses foudres !

 


 

 

Donc dans la colonne du pour, le site officiel de l'épreuve, dixit :

D’un côté, des motos, des autos, des camions. De l’autre, l’Afrique, ses forêts, ses villages, le Sahara. Le choc des contraires, en apparence ; une idée d’avant-garde, en réalité. Une inspiration qui a permis la rencontre de deux mondes et la construction d’une relation privilégiée. Il ne s’agit que de sport, on y trouve pourtant du sens. Le goût pour l’aventure, pour un continent méconnu, a accouché d’une curieuse machine à fabriquer de l’émotion. Celle qu’ont éprouvé des centaines de pilotes en découvrant et en explorant cette terre originelle, s’est mêlée à celle exprimée par les Africains des villes, des oasis et de la brousse. Passé le stade de l’émerveillement parfois réciproque, un lien affectif s’est consolidé entre deux êtres collectifs : le Dakar et l’Afrique.
Après 28 ans d’histoire, cette relation est désormais arrivée à maturité. Il n’est plus affaire de bons sentiments, mais bien d’un échange entre partenaires adultes, décidés à la fois à se réjouir et à travailler ensemble. Ce Dakar qui a évolué, quelquefois dans la douleur, a trouvé sa place dans une Afrique moderne. L’hospitalité de tous ces peuples suscite chez nous l’envie d’accompagner leur marche. Avec ses moyens et ses prétentions, le rallye agit, non pas pour l’Afrique, mais avec l’Afrique.

Le Dakar ayant acquis une nouvelle dimension dans les années 2000, la question de l’aide apportée aux pays africains a pu se poser pour A.S.O. avec des ambitions revues à la hausse. La volonté d’efficacité étant une priorité, il a été jugé opportun d’unir ses efforts à des professionnels de l’aide humanitaire. SOS Sahel International France, fondation impliquée depuis 1978, connaissant parfaitement les réalités du terrain, s’est révélé comme le partenaire le plus approprié pour guider les investissements effectués dans le domaine de la protection de l’environnement.

En 2002, le programme Actions Dakar a donc été lancé par A.S.O. dans le cadre d’un partenariat avec SOS Sahel. Le souci de préservation des ressources naturelles, l’amélioration des conditions de vie et précisément d’hygiène sont les axes majeurs du programme. Le mode opérationnel choisi correspond exactement à l’état d’esprit voulu par ASO, les différentes actions étant initiées et prises en main par des acteurs locaux et s’inscrivant dans une politique de développement durable.

L’ambition des Actions Dakar est en effet de valoriser les compétences locales en confiant à des groupements ces projets d’envergure modeste (entre 2000 et 5000 € par action), c’est-à-dire «  d’enseigner la pêche plutôt que de donner du poisson ». A long terme, l’impact le plus précieux se situe sur le plan de la prise de conscience de la question environnementale dans les villes et villages concernés. Au-delà des améliorations immédiates des conditions de vie, le bénéfice des Actions Dakar se juge principalement sur leur pérennité.

Le premier plan d’action a été mené sur le région de Louga, au Sénégal. La reconduction du partenariat, signée en 2005 pour trois nouvelles années, prévoit l’extension des Actions Dakar à la Mauritanie, où les différents projets sollicités par les groupements villageois sont d’ores et déjà à l’étude.

ACTIONS DAKAR EN CHIFFRES

- 106 projets
- 271 000 personnes concernées
- 600 000 € financés à 75 % par ASO sur six ans

Sensibilisation - éducation à l’environnement

- 53 000 personnes sensibilisées aux bonnes pratiques environnementales
- 23 émissions radiophoniques
- 2 600 personnes formées aux techniques de gestion des ressources naturelles

Protection, valorisation des sols et des ressources forestières

- 2 480 foyers améliorés construits
- 318 000 plants produits dans les pépiniéres
- 129 000 pieds plantés
- 31 700 jeunes pousses protégées grâce à la régénération naturelle assistée
- 210 compostières produites
- 6 dunes fixées
- 1 023 hectares protégés pour permettre une régénération forestière naturelle

Protection sanitaire et hygiène de l’eau

- 3 300 familles bénéficient de la collecte des ordures
- 209 canaris à robinet (réservoir d'eau) mis en service
- 90 latrines et 62 puisards réalisés
- 7 mares aménagées
- 24 systèmes de collecte de déchets appuyés par la mise en circulation de 53 charrettes attelées

 


  

 

Dans la colonne du contre, Afrikara, regards alternatifs, dixit :

Nauséeux Paris-Dakar. Depuis 1979 date de l’institution de cette gigantesque et ubuesque foire à quincaillerie, des centaines de voitures, de motos, de caméras, de Blancs pour d’aucuns convaincus d’apporter du rêve, de l’aventure humaine, et un peu de … civilisation, colonisent le sahel pour les méga profits des multinationales de l’automobile et des médias occidentaux. Accessoirement pour soigner l’ego eurocentriste plus ou moins inconscient des chalands téléspectateurs qui se prennent à l’imbécile et criminel jeu lucratif.

  

 

De lucre et rien moins d’aventure humaine, puisque bien des organisateurs, sociétés privées émargent au registre des bénéficiaires des subventions publiques payées par le contribuable ! Le déversement de toutes les pollutions et atteintes à l’environnement ne gêne guère, il ne s’agit que de l’Afrique. Les médias les plus téméraires parlent à grand peine des morts africains en fin d’émission, la faute à ces satanés « accidents de circulation » probablement aux torts de ces nègres de piétons. Au fait, toutes les victimes africaines, tombées sous les balles des expositions technologiques et marchandes sont … anonymes, en générale, presque Invisibles, une habitude de mélanoderme.

 

 

Claire Aymes, militante écologiste et citoyenne active signe une lettre ouverte le 03.12.05 inspirée et cristalline à M. Etienne Lavigne patron de  cette démonstration d’arrogance humaine, de mépris de la nature et de barbarie marchande, Afrikara en publie un long extrait.  

 

 

Paris-Dakar, le rallye indécent : 

 

 

Monsieur Lavigne, je m’ennuie chez moi. Tenez j’ai une idée.

 

 

Comme ce n’est pas possible à mon domicile pour des raisons qu’il serait contre-productif de vous exposer, Je me propose de débarquer chez vous avec quelques téméraires aventuriers de mes amis. Programme des festivités : Envahir votre maison, jardin et garage compris pendant quelques jours en dévastant tout sur notre passage et en festoyant de temps en temps pour reprendre quelques forces. Vos enfants et le chien sont priés de ne pas se trouver sur notre chemin sous peine d’y laisser leur peau. Au terme de notre exploit collectif, le plus rapide et plus fin expert en crasseries définies sera désigné et nous pourrons alors repartir le cœur léger en vous laissant les miettes de nos diverses agapes et le ménage à faire. Non, sans façons me répondez-vous ? Je ne comprends pas…

 

 

Autre proposition innovante

 

 

Que pensez-vous de l’idée d’organiser un course en Europe, disons, de Ceuta ou de Melilla (Espagne) à Stockholm (Suède), où concourraient des Africains conduisant comme des hallucinés des monstres mécaniques à deux roues ou plus, à travers les routes de France, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, sans se soucier de faucher quelques habitants des villes ou villages traversés? On pourrait s’assurer qu’ils puissent saccager, au passage, quelques espaces naturels préservés, lors de "spéciales". La Camargue, pour commencer, par exemple. Alors, n’est-ce pas là une bonne idée?...

 

 

Engluée comme elle l’était dans une guerre larvée contre les migrants et les réfugiés, on aurait pu croire que l’Union européenne aurait révisé sa copie. Nenni, elle a désormais franchi, à sa frontière sud, le cap de la guerre totale.
La tragédie ultramédiatisée des Maliens, Sénégalais et autres Guinéens tués par balle en tentant de franchir la frontière entre le Maroc et les territoires espagnols de Ceuta et de Melilla, les dizaines d’autres grièvement blessés et plusieurs centaines noyés ou volés, violés, déportés et abandonnés, sans eau ni vivres, dans le désert du Sahara, aurait pu constituer un électrochoc susceptible de faire réfléchir et/ou de décourager les participants et l’organisateur que vous êtes...

 

 

Vous n’entendez que le joyeux tintement de votre tiroir-caisse, car ils sont de plus en plus nombreux à s’inscrire sans état d’âme.

 

 

Les murs érigés de plus en plus haut, les dispositifs de plus en plus sophistiqués et la sous-traitance rémunérée de la violence, mise en place par l’Union européenne pour se protéger de l’envahisseur subsaharien, auraient pu vous gêner et vous faire reculer, vous, l’organisateur du Paris-Dakar ainsi que les sponsors.
Las, la course aura bien lieu du
Portugal au Sénégal en passant par le Maroc, la Mauritanie, le Mali et la Guinée. On l’aura compris, votre Paris-Dakar, est une entreprise florissante, génératrice de sommes d’argent telles que la honte, la retenue et la décence ne peuvent plus être de mise. Mais n’avez-vous donc aucune conscience ?

 

 

Au-delà de faits particulièrement exaspérants, voire choquants, mais déjà mis en évidence dans mes précédents communiqués (1 et 2) ( pollutions et nuisances sonores, destruction de la rare flore du désert, perturbation de la faune, absence totale de respect et d’intérêt pour l’Afrique et ses habitants, gaspillage de millions d’euros sous les yeux ébahis et envieux de personnes qui, dans une écrasante majorité, peinent à assurer leur survie chaque jour, les mêmes que l’Union européenne extermine aujourd’hui sans pitié sur ses frontières Sud pour qu’ils n’accèdent pas à ces richesses)...

 

 

Faut-il donc encore quelque chose de plus dérangeant pour vous interpeller?

 

 

Si l’organisation d’un rallye Paris-Dakar est réellement l’exemple d’une coopération harmonieuse entre deux continents, où sont les écoles et les hôpitaux construits le long des parcours traversés grâce à ce rallye ?
Si le Paris-Dakar n’est pas perçu -plus ou moins consciemment- du côté français comme une façon de perpétuer et de représenter une domination financière et politique de l’Europe sur l’Afrique, quelle que soit l’époque et malgré l’avancée de l’histoire,  où sont les décisions et la mobilisation nécessaires, que vous avez initiées ( grâce à votre poids relationnel et médiatique) et fait aboutir, pour qu’enfin, par exemple, les molécules qui soignent le paludisme, le sida, soient accessibles ou produites dans ces pays, les plus exposés et les plus démunis, que vous traversez ?

 

 

Un quart des bénéfices (je n’ose même pas parler du budget) que vous engrangez depuis des années aurait déjà pu changer la face de certains de ces pays pauvres que vous dévastez dans l’allégresse. Mais vous vous en fichez royalement. Votre rallye Paris-Dakar donne l’impression que les réflexes des colonisateurs du XIXe siècle sont toujours actifs dans l’esprit et dans le cœur des Européens civilisés du XXIe siècle.

 

 

Les caméras qui vous suivent n’ont la chance de montrer que des nuages de poussière enveloppant des négrillons dépenaillés lorsqu’ils ont eu la chance d’échapper aux roues du Paris-Dakar. En tout cas, vos émissions de retransmissions sportives ne reflètent nullement cette expérience prétendue humaine dont parlent les défenseurs du Dakar, ou alors elles le cachent bien. Depuis deux ans que je me pose des questions sur le rallye Paris-Dakar, je ne vois toujours que ceci: une fois par an, grâce à votre talent visionnaire, des gens très riches imposent une vrombissante visite à des gens très pauvres.

 

 

Une fois par an, les télévisions d’Europe, que vous rameutez pour l’occasion, vous suivent dans ces pays, pour qu’une fois par an, je ne sais combien de millions de personnes des pays riches se divertissent devant leur poste de télévision.

 

 

Votre rallye Paris-Dakar reste l’expression d’un incommensurable mépris envers les pays du Sud.
Malgré les critiques émises depuis des années, vous et vos aimables compagnons du Paris-Dakar persistez à n’avoir aucune conscience. Vous ne voulez respecter ni la vie, ni l’environnement. Vous ne songez pas à remettre en cause ce rallye sous sa forme actuelle, ni à reconnaître que tout un continent, l’Afrique, ne saurait être le terrain de jeux de quelques nantis en mal d’exotisme et de sensations fortes. Quel autre choix, que de nous mobiliser tous, associations comprises, de sensibiliser un maximum de personnalités de tous horizons, d’écrire et de manifester, inlassablement, jusqu’à vous obliger à arrêter définitivement votre rallye indécent?

 

Publié dans Digressions

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P
C'est en découvrant l'Afrique par le biais du Paris-Dakar que Daniel a compris que ce rallye peut être un outil extraordinaire au service d'une cause humanitaire. Pendant de longs mois, il prépare minutieusement la mission qu'il s'est fixée à l'occasion de l'édition 1986 de l'épreuve: livrer des pompes à eau à des villages du Mali handicapés par l'absence d'irrigation sur les bords du Niger.<br /> Qu'est-ce que l'ADB ?L'Association Daniel Balavoine (loi 1901) a été créée en mars 1986, par les amis et la famille, dans le but de répondre à tous ceux qui souhaitaient continuer l'action de Daniel Balavoine et Thierry Sabine, organisateur du rallye Paris-Dakar.Son but principal :Fournir des motopompes d'irrigationpour la culture du riz au Sénégal, à la Mauritanie et au Mali. Matériel fourni aux villages dans le but d'établir l'auto-suffisance alimentaire des villageois<br /> http://membres.lycos.fr/danielbalavoine/adb.html<br /> Ptitamour <br /> <br /> <br /> <br />  <br />
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E
Kinou,<br /> Ne t'inquiète pas. Ptitamour ne t'en voudra pas. Tu sais qu'une action comme celle des "Enfants de Don Quichotte " a aussi ses détracteurs .... et pourtant...<br /> Par contre, oui il aime les beaux bolides, la vitesse..la conduite sportive, cela fait aussi partie de son métier tout comme toi qui aime le poker ...mais il le fait dans des conditions sans danger pour autrui si ce n'est sa propre vie<br /> Amicalement<br /> Elodie<br />  <br /> <br />
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K
Autant je peux comprendre qu'on soit réticent sur le Dakar, autant je trouve l'action des Enfants de Don Quichotte inattaquable sur le principe. C'est en prenant les choses de façon plutôt frontale comme ils le font que les esprits sont heurtés, et que les prises de conscience se font jour. Même si dans ce cas précis on sort de l'humanitaire, voire même du social, pour faire de la petite politique... Mais j'ai bien peur que cela soit nécessaire dans ce pays ! Et quelque chose me dit que ce n'est qu'un début !<br /> Bises<br /> Kinou.
E
Kinou,<br /> Chaque action humanitaire aura ses detracteurs aussi je ne retiens moi personnellement que le côté positif de ces actions. Papa y est pour son travail, est parti avec une dizaine d'ordinateurs recyclés pour quelques écoles<br /> C'est tout<br /> Elodie<br />
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K
Il est peut-être dommage que l'ensemble des médias ne reflète guère la partie positive de ce genre d'épreuve. Si les télés se faisaient l'écho des actions entreprises en marge du Dakar pour aider les populations locales, l'image de la course n'en serait que meilleure... Il y a sûrement des tas de bonnes volontés, mais on n'en parle et ne nous les montre pas assez. Comme je disais, tout lemonde ne s'appelle pas Daniel Balavoine, hélas... Alors bravo à ceux qui sont là pour autre chose que faire vroum vroum dans les dunes. On sait bien que ce monde est plein de contradictions : pour prendre un autre exemple, c'est Nicolas Vannier qui lors de son aventure polaire destinée à nous faire réfléchir sur l'avenir de notre belle planète, est financé en majorité par Rhone Poulenc, le plus grand pollueur qui soi... On n'en est plus à une inconguité près !<br /> Elodie, je n'ai rien contre les amateurs de bolides et de vitesse, je suis fou de karting, j'adore conduire, j'apprécie les belles carrosseries ;-)  <br /> Bises.<br /> Kinou.