197 - Esclave ou protituée...
Au Maroc, l’esclavage domestique est la part sombre d’une tradition, celle des «petites bonnes».
Les «petites bonnes» sont des filles placées dès la petite enfance par leurs parents, dans des familles où elles sont bonnes à tout faire. Souvent battues, elles vivent dans des conditions précaires, ne voyant leurs parents qu’une fois par mois ou tous les deux mois (le jour où celui-ci vient chercher la paie souvent ridicule et dont la petite fille ne jouit nullement). Quand la révolte gagne les plus excédées, elles descendent dans la rue où d’autres les ont déjà précédées et leurs servent de tutrice-proxénète, qui va les loger et les initier aux joies nocturnes:
alcool, cigarettes, maquillage, nouveau look vestimentaire, le rêve !
Les filles installées dans la prostitution mentent sur leur âge : les veilles, l’alcool, les anxiolytiques, parfois l’optalidon, le maquillage outrancier contribuent largement à les vieillir.
Le premier client est souvent amené par la tutrice. La débutante subit et souvent déclare qu’elle ne se souvient pas de ce contact : elle était effectivement saoule ou tout simplement a décidé de l’effacer de sa mémoire. Les filles risquent à tout moment d’être raflées par la police. Quand elles ont mineures, elles sont placées par le juge dans les centres de protection relevant du Secrétariat d’Etat à la Jeunesse.
Il en existe trois pour tout le Maroc, situés à Casablanca, Fès et Agadir.
L’argent gagné contribue pour beaucoup d’entre elles à aider leur famille: l’argent est remis à la mère, seule au courant de la situation de sa fille. Pour le père, les frères, et les incontournables voisins, elle travaille dans des familles ou dans une autre ville.
Un problème majeur: la grossesse. En effet, quand une fille tombe enceinte et qu’elle ne peut pas avorter (l’avortement étant passible de prison), elle vient renflouer le lot des mères célibataires, paria de la société marocaine. Ainsi marginalisée, elle devient prostituée à vie, la réinsertion socioprofessionnelle étant très difficile pour ces jeunes mères.
Le rêve de ces filles est d’accéder à la respectabilité, par le biais du mariage et d’enterrer définitivement leur ancienne vie. Certaines d’entre elles tentent de dissuader les nouvelles arrivées dans le milieu, leur expliquant que le mirage ne cache que l’enfer.
Association Bayti ( Maroc ) - www.bayti.net